La peur 2015
Film français, Canadien, de Damien Odoul
Avec N. Rocher, P.Martial Gaillard,etc..
Prix Jean Vigo 2015
Durée : 1 h 33 mn
Gabriel, jeune conscrit, rejoint le front en 1914. Il va vivre l’enfer des tranchées, et connaître la peur qui ravage tous les soldats. Sorti vivant de cette terrible expérience, pleine de fureur et de sang, il va découvrir sa propre humanité.
Le film a remporté le Prix Jean Vigo 2015 du long métrage.
L'oeuvre de Gabriel Chevalier sur laquelle le film se base est le récit d'un jeune homme racontant son expérience de «poilu» au cours de la Première Guerre mondiale. Ce livre, qui a été publié en 1930, a été retiré de la vente en 1939 en raison de la nouvelle entrée en guerre contre l’Allemagne. Il ne fut réédité qu'en 1951, soit 12 ans après.
Afin de rendre son film le plus viscéral possible, le metteur en scène a reconnu avoir conçu_La Peur comme un grand labyrinthe à l'intérieur d'un ventre humain : "C’est le ventre des enfers dont il est question, et rien d’autre. Qui dit enfer dit « Catabase », la descente au pays des ombres de la mythologique grecque, comme une épreuve initiatique. Cette grande destruction dont on parle, le désastre et ses expressions traumatisantes, hallucinatrices, voilà ce que je voulais montrer."
L'un des éléments qui provoquent un intérêt particulier pour la Première Guerre mondiale chez le cinéaste, c'est le fait qu'elle est devenue "un cas d’école pour une réflexion sur ce qui est la matière même de l’Histoire : le poids des morts sur les vivants."
Le cinéma et la Grande Guerre.
La Grande Guerre a suscité une horreur et une réflexion inédites. Au cours de la guerre, des films patriotiques donnent une représentation théâtrale et idéalisée de l’événement, proche des discours officiels, même si les films ne sont pas des commandes officielles. Des réalisateurs très chevronnés comme Léonce Perret, tournent des fictions patriotiques dès le début de la guerre. Une page de gloire (L.Perret, 1915). Les Américains furent les premiers à produire de grands films historiques de fiction sur la guerre. Dès 1918, D. W. Griffith (Les Cœurs du monde), montre l'idylle d'un soldat d'origine américaine et d'une Française, et C.Chaplin signe Charlot soldat. Entre-temps, Abel Gance a signé J'accuse (1919). Blaise Cendrars, qui a combattu et a perdu un bras au front, est conseiller d’Abel Gance. Insensiblement, le discours sur la Grande Guerre va changer. Hollywood se détache du pouvoir et ses films accompagnent l'évolution des mentalités. Au milieu des années 1920 l'Allemagne revient dans le concert des nations. En 1928 la France et l’Allemagne fêtent le dixième anniversaire de l’Armistice. Parmi les nombreux films réalisés autour de cette commémoration, R. Bernard adapte Roland Dorgelès (Les Croix de bois, 1932) et J. Renoir prône la solidarité entre troupes des deux côtés dans La Grande Illusion (1937). Aux Etats-Unis, R.Walsh réalise Au service de la gloire (1926), comédie pacifiste. Après la seconde guerre, l'évocation de 14-18 se radicalise encore. S. Kubrick dénonce les boucheries inutiles et le passage des soldats en cour martiale (Les Sentiers de la gloire, 1957). J.Losey prend le parti d'un déserteur dans Pour l'exemple (1962). Dans Les Hommes contre (1970), F. Rosi s'en prend aux offensives inutiles, aux opérations-suicides.